Mon objectif est de vous présenter le plus brièvement et simplement possible l’Association Pedagogia Globale avec l’espoir que puissent s’instaurer entre nous des échanges qui pourraient nous enrichir et nous aider à mieux travailler.
Alors je vais essayer de répondre successivement à quelques questions en commençant par la question où, ensuite quand et qui, puis pourquoi et comment.
Première question : où est née Pedagogia Globale ?
À Milan, dans le cadre des premières expériences de ce que nous appelons «L’educativa di strada ». En fait, il s’agissait en gros de ce que les Français appellent : « l’Education en milieu ouvert », avec toutefois cette distinction importante que cette « éducation de rue » ne prend généralement pas directement en charge l’intervention éducative à domicile.
Deuxième question : quand et qui?
A la fin des années ’60, trois amis avaient décidé de travailler comme éducateurs de rue dans le projet du « Centre milanais pour le Sport et le Temps libre » tendant à organiser systématiquement dans les différents quartiers de la ville des terrains de jeux animés par des éducateurs en mesure d’exercer une action positive au bénéfice des enfants du quartier.
Le premier, Félix, instituteur de formation, terminait une licence de pédagogie et s’apprêtait à passer le concours pour devenir directeur d’école primaire ; le second, Beppe, étudiant en sociologie, travaillait déjà dans les activités complémentaires des écoles communales; la troisième, Sandra, était enseignante d’école maternelle communale.
Tous les trois étaient en charge de terrains de jeux situés dans des quartiers très différents de la ville, Félix dans un quartier à très forte population originaire du sud de l’Italie, Beppe dans un quartier à très forte immigration étrangère et présence de nombreuses familles d’anciens détenus, Sandra dans un quartier plus central mais avec une population assez hétérogène. Ils se sont rendu compte que les problèmes relevés pouvaient être assez différents mais présentaient cependant une série de dénominateurs communs. Ils décidèrent donc de se rencontrer régulièrement pour analyser et confronter leurs expériences.
Troisième question. Pourquoi et Comment?
Nos trois mousquetaires s’aperçurent assez rapidement qu’en raison de sa relative nouveauté « l’éducation de rue » manquait d’une littérature de soutien ; ils décidèrent donc de chercher ce soutien auprès du professeur Umberto Dell’Acqua, psychologue et pédagogiste, qu’ils avaient rencontré au cours de leur formation et qui dirigeait le Centre d’études et de recherche de la Ville de Milan sur les problèmes de la disabilité et du handicap.
De leurs rencontres fréquentes naquit la conviction que, dans tout processus éducatif, on ne peut se contenter de la seule présence de l’éducateur ou de l’enseignant mais que toutes les professions sont d’une façon ou d’une autre impliquées dans ce processus. C’est la raison pour laquelle, très rapidement, le groupe intéressa toutes les professions impliquées dans les « services à la personne ». Tout d’abord des enseignants déjà en service dans les différents degrés de l’Instruction y compris l’Université, des psychologues, des médecins, des assistants sociaux et sanitaires, mais aussi des acteurs et des musiciens, des juristes et des responsables politiques et administratifs, qui partageaient tous cette urgence d’une confrontation-croissance sur les problèmes liés au développement et à la pleine réalisation de la personne .
Les premières années ont été consacrées principalement à la construction d’un langage commun, à une confrontation systématique avec des expériences nouvelles aussi bien en Italie qu’à l’étranger, à écouter, discuter, contester parfois, mais toujours en vue d’élaborer un savoir et des propositions de professionnels y compris externes à notre groupe. En 1979, considérant que le chemin parcouru méritait une reconnaissance officielle, nous avons constitué l’Association Pedagogia Globale par acte notarial.
Et si vous vous demandez pour quelle raison nous avons choisi ce nom, vous trouverez la réponse dans cette page française de notre site www.pedagogiaglobale.org dans le texte « Raison d’un nom »
Pour rendre tout ceci possible, nous avons beaucoup travaillé ! A l’origine, nous avions une rencontre d’une journée entière un dimanche par mois, plus un séjour de deux ou trois jours que nous avons baptisé « A casa di…. » c’est-à-dire « chez…. » car il nous permettait de rencontrer dans son milieu de vie et de recherche un ou plusieurs spécialistes des sciences de l’Homme en vue d’un échange d’expériences.
De tout ce travail est résultée une conscience plutôt précise de notre philosophie de base que nous avons explicitée dans le texte « Finalités et choix d’action » et qui demeure une référence stable pour chacun de nous indépendamment des spécificités de la profession que nous exerçons ou avons exercé.
Et aujourd’hui ?
Comme cela se produit inévitablement dans toute association, les exigences de la vie ont conduit un certain nombre de nos associés à s’éloigner de PG. Pour certains, cela a sans doute représenté un changement d’orientation fondamental; mais pour la plupart, nous avons le sentiment qu’il s’agit d’un détachement purement formel, imposé par les nécessités familiales ou professionnelles car, quand il nous arrive de rencontrer à nouveau d’anciens « compagnons de route » nous nous rendons compte que la philosophie de base est toujours la même.
Si vous interpellez Sandra sur sa lecture actuelle des raisons d’être de PG, elle vous répondra en ces termes :
« Notre philosophie de base est née et grandit par et avec Pedagogia Globale, à travers une rencontre –et parfois un affrontement- entre personnes différentes, déjà « formées », qui agissent dans des domaines différents mais qui ont l’honnêteté intellectuelle de chercher pour trouver.
Je pense que cette philosophie de base constitue désormais un ancrage stable et que ce sont les méthodologies des différentes professions qui continuent à évoluer dans la mesure où nous vivons dans une réalité qui change continuellement »
Notre rythme de travail s’est modifié lui aussi avec le temps et aujourd’hui nos rencontres dominicales de formation et approfondissement sont bimestrielles. Nous avons conservé le voyage « a casa di » mais nous avons ouvert nos activités plus largement sur l’extérieur en adoptant en 2008 le statut d’Association de Promotion sociale à vocation culturelle, ce qui nous a permis d’augmenter notre présence dans le social tout en continuant à nous réunir pour lire ensemble les problèmes émergents.
Nous tentons aussi de maintenir actifs les contacts internationaux que nous avons créés au cours des ans, en particulier avec deux associations françaises :
- Constellation est une association créée par une artiste peintre de Saint Jean de Maurienne en Haute Savoie, qui anime une intense activité d’initiation à la peinture d’enfants vivant dans une trentaine de pays défavorisés, afin de les aider à sortir de la misère et d’un désespoir bien compréhensible en peignant, en créant de véritables œuvres d’art qui les aident à exprimer par le dessin et la peinture ce qu’ils sont et ce qu’ils vivent. Et si vous prenez le temps d’aller faire un tour dans le site, vous comprendrez facilement pourquoi PG a réalisé avec elle une série d’expositions en Lombardie sur le phénomène des migrations à l’occasion des fêtes pour les cent cinquante ans du rattachement de la Savoie à la France.
- Nous sommes également liés à l’Office culturel de Cluny qui regroupe une série d’associations d’artistes qui animent tous les deux ans un Congrès international sur le thème désormais bien connu « Et si la Beauté pouvait sauver le monde ». Pedagogia Globale figure depuis 1973 parmi les promoteurs et les acteurs du Congrès auquel elle a participé très régulièrement et ce n’est pas par hasard que nous avons choisi cette année de travailler sur le « rapport entre l’Ethique et l’Esthétique dans les professions » pour préparer notre participation à la prochaine rencontre qui se déroulera à Montréal du 21 au 24 août prochain. Là aussi une petite visite au site www.congres-beaute.org (dans lequel PG assure régulièrement la mise à jour de la version italienne) vous en apprendra beaucoup plus que je ne pourrais le faire ici.